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Volutes

11 janvier 2015

Abyssal

Le mistral dans mes cheveux sales et ma barbe naissante.

Le fracas des vagues contre la roche.

Le cri déchirant et le murmure inaudible de l’eau.

L’écume à mes pieds.

 

Il y’en a un, dont j’ai oublié le nom, dont j’ai oublié la plume,

Qui écrivit que tout homme libre devait chérir la mer.

Ô combien l’ai-je chérie, combien l’ai-je crainte.

Combien ai-je pu regarder au plus loin de son horizon ?

Infime partie de son infinité.

 

Au matin blême, quand je quittais le pays,

En voyant s’éloigner la terre, en souriant,

Je réalisais que ma place était là, et nulle part ailleurs.

Accompagné seulement du cri des mouettes, sur un navire sans équipage.

La pipe aux lèvres.

Le sel sur ma peau.

 

Seul, infiniment petit, au milieu des immensités.

Je caressais l’absence de vitesse.

J’avais banni la course effrénée.

Je dormais en paix.

Bercé par les eaux.

 

Maintenant le temps n’est plus.

Combien de jours, combien de mois ?

Mourant sur la plage.

Maigre et assoiffé.

Laissant couler de longues poignées de sable entre les doigts de mes mains meurtries.

Admirant les planches éparses de mon navire, touché par la colère des cieux.

 

Tout est trouble.

 

Tout est mort.

 

Tout est noir.

 

Abyssal.

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11 janvier 2015

Foyer

J’ai pas envie d’être demain.

Ni après-demain.

 

Dans cette ville et son odeur qui me prends à la gorge.

Je veux revoir mon foyer, mon frère, ma sœur.

Et marcher dans la forêt toute la journée.

 

Je veux hurler mes vers,

Murmurer mes confessions au milieu des arbres sourds et millénaires.

Sentir le craquement des feuilles mortes sous mes pieds plutôt que le claquement des pavés.

 

J’en ai marre des tramways bondés, des gens de ce lycée, du béton.

De cette vie trop rapide.

De la pluie, du ciel gris.

De toi, trop loin, inaccessible.

 

Je veux partir, prendre mes jambes à mon cou et fuir le plus loin possible.

Gravir les hauts sommets.

Plisser les yeux, chercher au plus loin de l’horizon la ville folle.

Minuscule.

 

Et dans un sourire, enfin, dire :

« Adieu ».

11 janvier 2015

Pouls

De ces moments passés avec elle.

A ses côtés.

Mes bras enlacés autour de son cou,

Et le battement de mon cœur qui résonne en moi ;

Comme un tambour de guerre.

 

Les heures passent comme des fragments de secondes, 

Qui m’échappent.

Le son de ta voix qui revient dans mes oreilles, 

A l’infini.

 

Même quand tu n’est plus là.

Une souffrance amère à chaque fois que mes doigts doivent te laisser partir.

A chaque fois que le temps t’arrache à moi…

Ses yeux de biche,

Son caractère de louve.

 

A manier avec délicatesse.

Précieuse.

Elle me tient dans sa main.

Elle le sait et ça la fait rire.

 

Et moi aussi.

Parce que je me sens comme un con.

Dominé.

Vulnérable.

 

Valentine. Ses regards de début d’automne.

Quand le soleil caresse encore sa peau…

Sourire de cristal.

 

Valentine, ce n’est plus un nom.

C’est elle, une poésie à elle seule.

Un monde aux courbes rondes et chaudes,

Et sa tête sur mon épaule quand je fume une cigarette assis à côté d’elle.

 

Un claquement de doigts,

Et je serais là pour toi, Valentine.

Près de toi.

 

Pour redécouvrir nos instants,

Sentir une dernière fois ton odeur,

Te lire encore des mots.

 

Des milliers de mots.

 

Encore et encore…

11 janvier 2015

Le retour à la mère

 Pression. Pression, tous les jours.

Craquage psychologique et c’est l’effondrement.

Et mes larmes tâchent les manches de ma mère.

Je m’oublie. Je m’abandonne dans ses bras.

Je retombe en enfance.

Je ne veux plus grandir. C’est un piège.

Je ne veux plus la faire souffrir.

Je veux la rendre fière.

Je lui parle enfin. Je lui dis tout d’une voix entrecoupée de sanglots.

Tout ce qui se terrais en moi depuis ces années. Tout ce que j’avais caché.

Enfin... 

Depuis le temps que j’attendais ce moment. J’ouvre les vannes.

Je renais. Je repars de zéro.

Viens, maman, on oublie. On oublie tout et on recommence.

Maman, je n’ai pas assez écrit pour toi.

Je n’ai pas assez crié au monde que je t’aimais.

Je suis ta chair et ton sang. 

Ecoutez-moi ! Jamais elle ne me laissera.

Je dois partir, maintenant. Et revenir grandi.

Prier Takan Wanka pour qu’il prenne soin d’elle pendant que mes pas effleurent l’herbe verte du printemps naissant.

A travers tous les pays, toutes les vallées et toutes les montagnes du monde.

Pendant des saisons et des années.

A quoi bon ?

A quoi bon continuer à marcher droit ?

La richesse est partout.

Mais malgré tout je n’oublierais pas la terre qui m’a vu naître.

Je suis resté ton petit, maman. Mais je l’avais pendant longtemps oublié.

Maintenant ça me revient au triple-galop.

Où était-il, le petit homme des bois ?

Où était-elle, la caravane ? Le tipi, le feu de bois ?

Où étaient passées les berceuses ?

Je continuerais sur la même ligne.

Il me reste encore quelques kilomètres et quelques cigarettes.

J’ai décidé d’être et de rester à jamais dissident.

J’ai décidé d’être fier et brave.

Le coeur rempli de choses à raconter jusqu’à qu’elle parte à son tour.

Pour que mes larmes ne soient pas vaines.

11 janvier 2015

Nuits sauvages

Dans les nuits sauvages. Nuits sauvages.

Dans les nuits sauvages, le ciel est rouge et sans étoiles et sans nuages.

En dessous de ce lourd drap sans lumière, un désert de cendres s’étend à l’infini.

Au milieu se dresse les ruines dévastées de mon royaume de poussière.

Je suis encore là, moi. Sur mon trône de pierre.

J’attends. Mon sol jonché de rognures d’ongles, de bouts de miroirs et de verre pillé.

La tête basse, je fume cigarette sur cigarette. 

C’est tout ce qu’il me reste, de toute façon.

J’attends nu.

Quelque chose, quelqu’un.

Qui m’apporterais lumière et rédemption.

Pour l’instant... Pour l’instant quoi ?

Pour l’instant je passe ma langue sèche sur mes gencives et mon palais qui saignent.

Qui répandent ce goût de fer.

Dans les nuits sauvages, je pleure mes larmes glacées depuis mes yeux brûlés.

A travers les carreaux brisés, le vent continue de souffler et de griffer mon corps nu.

Je gratte mes croûtes. Je gratte ma chair et mes os de cristal.

Je tends l’oreille et les chuchotements et les rires caverneux résonnent et serpentent sur les parois de pierre.

Les cris m’emplissent encore. Je me souviens encore des flammes léchant les murs et courant sur les tapis.

Ma couronne de ronce m’écorche les tempes.

Aveuglé dans les nuits sauvages.

La cour de mon royaume de poussière, hommes et femmes aux masques d’animaux, regardent le feu se consumer et sifflent un air macabre en attendant que la mort passe.

La douleur...

La douleur vient, la douleur passe.

Je m’étouffe.

Je me racle la gorge.

Dans les nuits sauvages je crache mes flaques de sang rouge et de goudron noir.

Je ne parle plus. J’arrive à peine à sortir des râles.

Christ déchu, j’attends.

C’est la seule chose à faire. J’attends. 

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28 décembre 2014

Eraflés

Pourquoi t’a fait ça ?

T’a pas pu t’en aller comme ça.

T’avais encore rien vu, mon pote.

T’avais pas assez vécu.

T’avais pas assez vaincu.

 

T’avais pas encore vu les hautes montagnes qui s’étendent jusqu’au bout le l’horizon.

T’avais pas encore senti assez les rosées, aux matins de printemps.

Et vibré aux couleurs et aux sons de la ville, dans les grands soirs de mai.

 

On n’avait pas assez ri ensemble, mon pote. On n’avait pas fumé assez de clopes.

Assis sur les murets du village de notre enfance.

A tuer le temps en parlant des filles.

 

Tu te souviens ?

Les mercredis après-midis qu’on rentrait des trous dans nos futals, aux deux genoux et qu’on se faisait encore engueuler ?

Tu te souviens les parties de billes, les bagarres, les bleus, les éraflures ?

 

Les années on passées, mon pote. On a grandi, et toi t’a pas pu.

T’avais plus les épaules.

Tu supportais plus de te courber sous le poids des ans.

 

Des responsabilités…

 

Mais t’a rien dit. T’a serré les dents et t’a continué à sourire. Jour après jour.

J’aurais voulu t’aider, mon pote.

J’aurais voulu voir dans tes yeux que plus rien n’allais.

Te tendre la main. Mais j’ai échoué.

 

Tu t’es jeté, mon pote.

T’a plongé pour la dernière fois.

T’a senti l’adrénaline quand t’a fait ton dernier pas.

T’a pas eu peur. T’a accueilli la fatalité comme un vieil ami.

Et la seconde d’après, sans une larme, sans un cri…

 

Maintenant je trouve plus de sens à rien, mon pote.

J’ai plus qu’une envie, celle de te rejoindre.

De combattre comme toi ma peur du vide. Ma peur du noir.

Parce qu’on a touché le fond, mon pote.

 

Et que ce n’est que quand on a plus rien qu’on est libre de faire ce que l’on veut.

 

Je regarde le ciel et j’espère que t’es bien mieux au milieu des étoiles.

Que t’a trouvé ce que tu cherchais depuis toutes ces années.

Je reviens fumer seul des clopes sur le muret.

Je parle plus des filles.

 

Maintenant je suis là.

Les trombes de pluie s’écrasent sur mon front.

Coulent sur mes joues ;

Se mêlent à mes larmes.

Puis viennent s’écraser sur la pierre.

 

Viennent s’écraser sur ta tombe, mon pote. 

28 décembre 2014

Oxygène

Voir la ville, y vivre. Sans la contempler.

Sans la voir sous un autre regard. Plus abstrait.

 

L’abstraction.

 

Si vous levez la tête, dans les grises après-midis d’octobre,

Vous verrez peut-être des oiseaux sur les églises.

Des arbres naissants sous les pavés.

Un garçon et une fille sur les toits, au milieu des coquelicots.

 

Car au dessus de la folie urbaine plane la beauté amoureuse.

Pleine de sens et de cause.

 

Peut-être verrez-vous des mots sur les murs.

De la poésie sur le béton.

Des histoires de gens et de choses.

Des musiques dans les voix.

Des baisers sur les lèvres gercées par le froid hivernal.

 

Faire abstraction du paraître.

 

Allons voir dedans, au plus profond de la matière

Jusqu'à se retrouver les yeux remplis d’étoiles des chaudes nuits d’étés.

 

Peut-être mourrez-vous avec des souvenirs pleins la tête, un sourire sur le visage.

Et les yeux brouillés de larmes,

Oui,

Mais rivés vers le ciel.

 

Une soif de vivant.

 

Un cœur qui battait…

 

Et qui battra encore.

28 décembre 2014

Lucky Strike

J’me souviens.

J’me souviens de toi, tu sais.

 

J’me souviens de tes baskets défoncées et de tes cheveux noirs incoiffables.

Et de ton odeur d’alcool, parfois, et de tabac froid.

J’me souviens qu’a dix heures du mat’ tu marchais déjà de travers.

J’me souviens du paquet de Lucky Strike dans ta poche arrière.

 

De ton sourire injustifié.

 

J’me souviens des nuits où le temps s’arrêtait.

Couchés sur l’herbe à regarder les étoiles.

Tu m’disais rien. Tu fermais ta gueule et tu r’gardais là-haut.

Je savais pas ce que tu regardais au fond des étoiles mais pour toi c’était là.

 

C’était beau.

 

Et tu souriais.

 

J’devais tout seul répondre à mes questions.

J’devais seul faire face à mes démons.

Obsédé par ce putain de silence de plomb.

 

Tu m’manques, Amau. Tu m’manques.

Pourquoi t’es parti ?

P’t’être qu’il y’avait plus assez à boire ?

P’t’être que tu t’emmerdais dans ton monde trop petit ?

 

J’savais moi, que t’étais pas un mec en cuir.

J’savais que t’avais tes faiblesses, tes failles, 

Tes doutes, ta peur de l’avenir.

 

J’revois encore ton sourire, et ça me tords le ventre.

Parce que je t’aimais, Amau. Et qu’tu m’manques.

J’aimais ta voix.

Et tes conseils à deux balles quand je m’étais encore foutu dans la merde.

 

J’t’aimais mais on revient pas en arrière.

J’t’aimais mais elle a tout ravagé.

 

J’passe toujours des nuits à rien foutre sous le ciel argenté.

Je cherche toujours ce que tu regardais.

 

Les yeux brouillés de larmes.

28 décembre 2014

Des plumes en cendres

Des brillantes, des intouchables.

Des précieuses.

Belles à en crever.

Et mon coeur qui perce contre ma peau.

Mes os translucides. Contre mes plumes.

Qui tombent, qui brûlent.

Quand on les regarde trop longtemps.

A s'en crever les yeux, à s'en aveugler.

Et continuer, encore.

Cheveux, yeux, seins.

Qu'on finit par connaître par coeur.

Des courbes chaudes, familières.

Des cigarettes fumées du bout des lèvres.

Des verres, des vers.

S'enivrer pour approcher.

Pour échouer.

Des tirs à bout portant qu'on se prend dans la gueule.

Retour de bâton.

Des destructrices.

Qui réduisent à néant les rêves.

Des voix, comme des mélodies. Enfin on se sent vivre.

En apnée, en apesanteur.

A force de se tordre, de se plier, de courber l'échine.

A en pleurer.

Des intellectuelles, des pensantes.

Des belles, des froides, des arides.

Des révoltées, le poing levé.

Des solitaires.

Hante mon esprit.

Il ne me reste plus pour moi

Que mon trône de pierre.

Au milieu de mon empire de pénombre.

Illusoire.

Des jeux d'ombres.

Des morceaux d'ongles.

S'il te plaît. Donne moi un rire.

Un dernier rire.

Mais un long. Un long fou rire.

Qui résonnera à jamais en moi.

Des brillantes.

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Volutes
  • Des textes. Ecrits à la volée. Un concentré de pensées, de volutes de fumée et d’amour torride. Un rassemblement de sentiments. De haine, d’amour et d’interrogation. Des mots jetés comme des pavés. Pour casser, pour choquer. Pour voir, enfin.
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